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Lola Huete Machado

Le rap au Sénégal: plus qu' une musique, un combat (1)

Por: | 22 de noviembre de 2011

Matador@HaessnerVersión en castellano

Une grosse caisse... Un car rapide qui passe au loin. Un bruit de caisse claire qui s'estompe... Des vendeurs qui crient dans la rue. Une basse qui résonne... Des rires d'enfants qui jouent sur le sable, mêlés aux voix des femmes qui dans les cuisines s'affairent à préparer le cébbu jën (plat national du sénégal à base de riz et de poisson). Pendant que les voix des muezzins s'élèvent dans le ciel pour appeler les fidèles à la prière, d'autres, elles aussi insistantes, crient leurs espoirs, leur rage, racontent un quotidien de joies et de douleurs, dénoncent les injustices d'une société où au fil du temps,  il n'y a plus que deux classes: les riches d'un côté, les pauvres de l'autre... Loin du matérialisme à outrance du rap américain et européens et de l'apologie de la violence, les rappeurs sénégalais  s'astreignent depuis deux décénnies maintenant à garder entier l'un des principes fondamentaux du rap: parler pour le peuple.


DaaraJFam@Haessner22 Juin 2011, veille d'une séssion parlementaire extraordinaire portant sur le vote d'une nouvelle loi proposée par Abdoulaye Wade ( président du Sénégal) et qui au final devait changer (encore une fois) la constitution sénégalaise et permettre la création d'un poste de vice-président et au prochain président de se faire élire avec seulement 25% des voix, les leaders de l'opposition se réunissent à la salle Daniel Brothier pour décider d'un plan d'action pour que la loi ne soit pas votée. Un groupe de rappeurs nommé Y En A Marre rentre dans la salle pour leur dire que l'heure n'était plus aux conciliabules et que le bon sens demandait de sortir dans la rue pour manifester. Ce qu'il firent aussitôt en se dirigeant vers la Place de l'Indépendance ( qui est à quelques centaines de mètres du palais présidentiel) où était déjà posté un important dispositif policier. 

Beaucoup d'entre ces rappeurs furent arrêtés cet après-midi là, ce qui eut pour effet, les médias et internet aidant à la diffusion des images de l'arrestation, de faire sortir dans les rues des milliers de sénégalais le lendemain 23 Juin, jour du vote de la loi. Le Sénégal connut ainsi les plus importantes émeutes de son histoire et Wade finit au soir de cette même journée par retirer son projet de loi...

J'ai tenu à raconter cette anecdote pour dire tout l'impact que le rap local a sur la société sénégalaise. Certes les populations seraient sorties ce jour là sans ces rappeurs qui ont défié l'etat. Mais aujourd'hui, il est reconnu que leur engagement a non seulement permis de redonner au peuple les rênes du pouvoir mais a aussi revigoré une opposition qui pendant des années a eu peur de faire face à Wade sur ce terrain là. Des années de contestation artistique venaient une fois de plus d'être traduits en acte. En effet, dès ses débuts, le rap sénégalais a clairement signifié qu'il ne comptait pas se faire museler comme l'avaient été d'autres formes de contestations artistiques sous Senghor (premier président du Sénégal). Ainsi, après avoir désavoué Abdou Diouf (successeur de Senghor) tout le long de son dernier mandat, les rappeurs s'engagèrent-ils fortement dans la sensibilisation des jeunes avant les élections présidentielles afin que ces derniers aillent s'inscrire sur les listes électorales et votent. Ce fut décisif. Le 19 Mars 2000, l'opposition gagne les élections, réalisant ainsi la première alternace politique du Sénégal. Aujourd'hui, le même scenario est entrain de se répéter avec le mouvement de rappeurs Y En A Marre qui milite pour le départ de Abdoulaye Wade.

 RapGalsenLive@Haessner

Credits: Matador ex of BMG44 of Thiaroye; DAARA J FAMILY (Ndongo D and FadaFreddy); and Gaston, Da Brains, Duggy Tee. Les photos sont de SandyHaessner: greeneyezdesign.com

Depuis son arrivée au Sénégal au milieu des années 80, le rap a en effet fait bien du chemin. Des chambres d'adolescents qui rêvait juste de se faire entendre il est passé aux spectacles de quartiers puis à la radio et la télé et s'exporte même aujourd'hui dans le reste du monde.De phénomène de mode il y a plus de 20 ans, il est aujourd'hui devenu partie intégrante de la culture sénégalaise et le discours des rappeurs, bien que souvent controversé, participe à l'analyse et à la construction du pays au delà de l'économie qu'il a crée autour de lui. Le rap au Sénégal c'est aujourd'hui donc des milliers de jeunes qui s'activent dans ce domaine, professionnels ou amateurs, et qui malgré toutes les difficultés ( manque de formation, manque de structures adéquates, inexistance d'un statut administratif, etc...) essayent d'en faire un métier viable. Ce n'est donc pas sans surprise qu'un artiste comme Didier Awadi a des dizaines de salariés dans sa société Studio Sankara, que l'association Africulturban de Matador favorise la formation de centaines de jeunes aux métiers de la musique urbaine ou qu'Optimiste Produktion de Safouane Pindra, organisateur des Hip-Hop Awards, ouvre la première école sous-régionale pour offrir des formations en management d'artiste, régie de scène, etc. La nouvelle génération n'est pas en reste non plus avec l'émergence de nouveaux labels comme Djolof 4 Life, Point Blank Prod, Youkoungkoung et autres.

Quelques liens d'artistes hip-hop sénégalais:

WagebleDuggy TeeDaara J FamilyGunman XumanNixFou MaladeLord AlajimanCanabasse 

 

 

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Sobre los autores

Lola Huete Machado. Redactora de El País y El País Semanal desde 1993, ha publicado reportajes sobre los cinco continentes. Psicóloga y viajera empedernida, aterrizó en Alemania al caer el muro de Berlín y aún así, fue capaz de regresar a España y contarlo. Compartiendo aquello se hizo periodista. Veinte años lleva. Un buen día miró hacia África, y descubrió que lo ignoraba todo. Por la necesidad de saber fundó este blog. Ahora coordina la sección Planeta Futuro.

Chema Caballero Chema Caballero. Llegó a África en 1992 y desde entonces su vida giró en torno a sus gentes, su color y olor, sus alegrías y angustias, sus esperanzas y ganas de vivir. Fue misionero javeriano y llevó a cabo programas de educación y recuperación de niñ@s soldado en Sierra Leona durante dos décadas, que fueron modelo.

José NaranjoJosé Naranjo. Freelance residente en Dakar desde 2011. Viajó al continente para profundizar en el fenómeno de las migraciones, del que ha escrito dos libros, 'Cayucos' (2006) y 'Los Invisibles de Kolda' (2009), que le llevaron a Marruecos, Malí, Mauritania, Argelia, Gambia, Cabo Verde y Senegal, donde aterrizó finalmente. Le apasiona la energía que desprende África.

Ángeles JuradoÁngeles Jurado. Periodista y escritora. Trabaja en el equipo de comunicación de Casa África desde 2007. Le interesa la cultura, la cooperación, la geopolítica o la mirada femenina del mundo. De África prefiere su literatura, los medios, Internet y los movimientos sociales, pero ante todo ama a Ben Okri, Véronique Tadjo y Boubacar Boris Diop, por citar solo tres plumas imprescindibles.

Chido OnumahChido Onumah. Reputado escritor y periodista nigeriano. Trabaja como tal en su país y en Ghana, Canadá e India. Está involucrado desde hace una década en formar a periodistas en África. Es coordinador del centro panafricano AFRICMIl (en Abuja), enfocado en la educación mediática de los jóvenes. Prepara su doctorado en la Universidad Autónoma de Barcelona. Su último libro se titula 'Time to Reclaim Nigeria'.

Akua DjanieAkua Djanie. Así se hace llamar como escritora. Pero en televisión o en radio es Blakofe. Con más de tres lustros de carrera profesional, Akua es uno de los nombres sonados en los medios de su país. Residente en Reino Unido, fue en 1995, en uno de sus viajes a Ghana, cuando llegó su triunfo televisivo. Hoy vive y trabaja entre ambos países. La puedes encontrar en su página, Blakofe; en la revista New African, en Youtube aquí o aquí...

Beatriz Leal Riesco Beatriz Leal Riesco. Investigadora, docente, crítica y comisaria independiente. Nómada convencida de sus virtudes terapéuticas, desde 2011 es programadora del African Film Festival de NYC. Sissako, Mbembe, Baldwin y Simone la cautivaron, lanzándose a descubrir el arte africano y afroamericano. Su pasión aumenta con los años.

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