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Lola Huete Machado

Centrafrique: la légitimité au bout des canons

Por: | 19 de mayo de 2013

Autor invitado: Bernabé Sedoufio (*)

Depuis l’ascension à l’indépendance des pays africains francophones dans les années 60, nous avons assisté à une multiplication de coup d’état parfois orchestrés par l’ancienne puissance colonisatrice, la France. Mais à partir des décennies de 90, le vent de la démocratie commence à souffler dans la plupart  des pays africains où les peuples réclamaient une meilleure condition de vie. Nous ne pouvons non plus  passer sous silence  la répression  qui s’en est  suivie dans de beaucoup de pays comme le Togo, la  Côte d’Ivoire, le  Cameroun, le Gabon, le Sénégal, la  Bénin, la RDC, le  Madagascar etc.

Malgré la répression aveugle, la démocratie s’est installée tant bien que mal dans certains pays comme le Bénin, le Sénégal, le Mali etc. avec l’application  du multipartisme, la liberté d’expression ; bref, nous assistions  lentement mais sûrement  à l’édification de l’état de droit.  Cependant, nous ne voulons pas donner un satisfecit à ces pays, puisque les institutions démocratiques  ne sont pas encore consolidées, malgré l’avancée du processus démocratique. La faillite actuelle de l’Etat malien nous donne raison puisque  la classe politique malienne a failli à son devoir, celui d’œuvrer pour le bienêtre du peuple malien. Ce qui nous amène d’ailleurs  à dire qu’au jour d’aujourd’hui il n’existe pas en Afrique francophone un modèle de démocratie, même si certains pourront nous critiquer sur un réquisitoire si sévère concernant l’état d’avancement du processus démocratique  en Afrique.

Michel Djotodia, autoproclamado líder de la RCAMichel Djotodia. Foto Alain Amontchi/Reuters

Notre objectif n’est pas de centrer sur la problématique de  l’alternance politique, mais plutôt de la légitimité des mouvements rebelles qui se prolifèrent en Afrique depuis quelques années. Nous nous sommes penchés sur le cas de la Côte d’Ivoire, la Libye surtout la Centrafrique.   

En effet, après l’arrivée au pouvoir des présidents autrefois rebelles en RDC, au Burundi, au Rwanda  et autres civils comme l’actuel président ivoirien, Alassane Ouattara après une consultation électorale très mouvementée ; c’était le tour de l’ancien président  centrafricain François Bozizé qui prenait les armes le 15 Mars 2003, grâce au soutien militaire de son voisin le Tchad et surtout  la complicité de Paris pour renverser le pouvoir du défunt président Félix Patassé élu démocratiquement. Même si le processus électoral était émaillé de grave irrégularité, rien ne justifiait la prise du pouvoir par des moyens illégaux.

Suite à son coup d’état militaire, l’ancien général président instaura un régime d’exception jusqu’à la célébration de nouvelles élections en 2005 à l’issue desquelles il  restaure son pouvoir sur l’ensemble du pays. Il entreprit dès lors la chasse à ses anciens camarades ou alliés qui l’ont aidé à  prendre le pouvoir en 2003. Il fut réélu en 2011 au terme d’un scrutin critiqué par l’ensemble de la classe politique centrafricaine.

Il faut rappeler que le régime Bozizé  était caractérisé par l’absence d’un espace de dialogue permanent, la brutalité policière, le musèlement de l’opposition, bref, il a constitué  un appareil répressif  contre une partie de la population qui aspire à un lendemain meilleur. En fait, la pratique de la corruption, la dilapidation de fonds public,  et l’enrichissement personnel de l’entourage personnel de l’ancien  président centrafricain faisait craindre le pire, quand on sait depuis l’indépendance de ce pays africain, la bonne gouvernance a toujours fait défaut,  malgré la richesse minière du pays.

Le pays vivait dans une insécurité généralisée avec la multiplication de mouvements armés opérant hors de la capitale Bangui. Cette situation analogue à la plupart des pays francophones africains nous  donne raison de penser  que l’absence d’un véritable état de droit  permet l’instauration d’un régime personnalisé lequel exclut  une bonne partie des fils d’une nation. C’est d’ailleurs,  le lieu de rappeler que l’absence d’un débat politique et sincère avec toutes les composantes d’une  nation peut  conduire à la création d’une rébellion armée qui peut opérer à partir d’un pays voisin.

C’est le cas de la Centrafrique où la rébellion bénéficie du soutien implicite des autorités de Khartoum et peut -être de N’Djamena, puisqu’ils sont partis de leur base arrière située dans le territoire soudanais ou tchadien.  Par ailleurs, le délaissement des populations  du nord et de l’Est  par les autorités de Bangui faisait  présager le soulèvement de cette partie de la Centrafrique qui se sentait plus soudanaise que centrafricaine. Mais rien n’y fait pour améliorer la redistribution  de la richesse du pays.

En effet, le 10 décembre 2012 divers groupes armés coalisent leur effort pour créer une coalition de groupes armés appelée le Séléka. La coalition déclenche une offensive généralisée contre  les positions des forces gouvernementales occupant ainsi des villes.  Face à l’avancée spectaculaire des rebelles centrafricains, des pourparlers sont engagés entre Bangui et les représentants de la Séléka à Libreville au Gabon. Après quelques jours de discussion, le dialogue accouche d’un accord entre les deux parties le 11 Janvier 2013. Arguant du non respect de l’accord de Libreville, le Séléka  lance une autre offensive militaire, après un ultimatum de 72 jours sommant l’ancien président de revenir à de meilleurs sentiments.

La progression de la rébellion centrafricaine a été spectaculaire, malgré la présence des troupes de la Force Multinationale d’Afrique Centrale(FMAC) appuyées par quelque centaine militaire sud-africaine qui faisaient office de gardes rapprochées à Bozizé, puisqu’il fustigeait sa propre armée pour son inaction voire sa complicité avec  l’ennemi. Après quelques jours d’offensif éclair, la rébellion entre à  Bangui le 23 Mars 2013 sans rencontrer de résistance. Il faut souligner que l’ancienne puissance colonisatrice n’a pas daigné venir en aide au pays « ami », malgré les accords de défense qui lient les deux pays.

Officiellement Paris ne veut pas s’ingérer dans les affaires intérieures d’un pays indépendant et souverain, mais compte tenu de ses  intérêts économiques et le mépris envers l’ancien président, Paris aurait  agi autrement en soutenant tacitement  le Séléka avec  une certaine garantie, c'est-à-dire le respect des contrats, la sécurité des ressortissants étrangers etc. Un autre fait très troublant, Paris n’a pas condamné le coup d’état perpétré par le Séléka au lendemain de son entrée à Bangui. Il a simplement confirmé  le départ de Bozizé vers un pays voisin et appelé à la retenue, même son de cloche du côté de Washington.

 Il faut rappeler que cette coalition est composée d’éléments hétéroclites. Ce qui veut dire que beaucoup de choses restent à faire surtout le partage du pouvoir, même  si son représentant en Europe Eric Massi affirme que le groupe est bien  structuré de part sa composition politico-militaire. Une chose est sûre, c’est que le pays n’est pas encore au bout de ses peines, puisque d’autres acteurs surgiront  pour demander l’ouverture d’un dialogue franc en vue de remettre le pays sur le chemin de la démocratie.

Aux dernières nouvelles, le pseudo chef de la coalition du Séléka, Michel Djotodia s’est autoproclamé président de la République centrafricaine au mépris des textes constitutionnels moribonds de l’État centrafricain. Il annonce  sans consultation avec la classe politique, ni  les confessions religieuses, la société civile une transition politique de trois ans. Un fait encore grave, il suspend la Constitution, le gouvernement  tout  en promettant de reconduire le Primer Ministre issu des Accords de Libreville.

Tous ces éléments laissent présager l’installation d’une « République de Bozizé sans Bozizé ». Reste à savoir maintenant  comment réagiront les pays voisins, les institutions sous-régionales telles que la commission de l’Union Africaine, la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale et les pays étrangers. Il ne faut pas se leurrer beaucoup, car  la chute du régime autoritaire de François Bozizé était prévisible, compte tenu  de l’accélération des derniers événements surtout l’entêtement du général président d’entreprendre de sérieuses reformes institutionnelles et constitutionnelles.  

Quant à  la Commission de l’Union Africaine, malgré, sa  réaction timide  en annonçant la suspension du pays de toutes les activités de la Commission et le gel des avoirs des principaux responsables du Séléka, rien ne garantie l’efficacité de ces sanctions,  quand on sait que le mécanisme de contrôle dont dispose la Commission s’avère peu efficace face au manque de fonctionnement de l’Organisation panafricaine.

En fin, pour notre part, il est inadmissible qu’on accepte en Afrique aussi bien des autocrates  qui s’accrochent au pouvoir contre la volonté de leur peuple, que des  groupes rebelles qui prennent des armes pour arriver au pouvoir. Ainsi, après les rebelles ivoiriens, libyens et autres, c’est le tour du Séléka en Centrafrique. Il est donc temps que les africains laissent de côté la voie des armes et entreprennent un vrai dialogue pour la construction d’un état de droit.

(*) Bernabé SEDOUFIO, nación en 1977 en Lomé, capital de TOGO. Se afincó en Granada (España) en 2002. Es autor de la  pagina web www.afriquegeopolitique.com en francés, desde donde intenta trasladar otra forma de entender la política africana.

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Sobre los autores

Lola Huete Machado. Redactora de El País y El País Semanal desde 1993, ha publicado reportajes sobre los cinco continentes. Psicóloga y viajera empedernida, aterrizó en Alemania al caer el muro de Berlín y aún así, fue capaz de regresar a España y contarlo. Compartiendo aquello se hizo periodista. Veinte años lleva. Un buen día miró hacia África, y descubrió que lo ignoraba todo. Por la necesidad de saber fundó este blog. Ahora coordina la sección Planeta Futuro.

Chema Caballero Chema Caballero. Llegó a África en 1992 y desde entonces su vida giró en torno a sus gentes, su color y olor, sus alegrías y angustias, sus esperanzas y ganas de vivir. Fue misionero javeriano y llevó a cabo programas de educación y recuperación de niñ@s soldado en Sierra Leona durante dos décadas, que fueron modelo.

José NaranjoJosé Naranjo. Freelance residente en Dakar desde 2011. Viajó al continente para profundizar en el fenómeno de las migraciones, del que ha escrito dos libros, 'Cayucos' (2006) y 'Los Invisibles de Kolda' (2009), que le llevaron a Marruecos, Malí, Mauritania, Argelia, Gambia, Cabo Verde y Senegal, donde aterrizó finalmente. Le apasiona la energía que desprende África.

Ángeles JuradoÁngeles Jurado. Periodista y escritora. Trabaja en el equipo de comunicación de Casa África desde 2007. Le interesa la cultura, la cooperación, la geopolítica o la mirada femenina del mundo. De África prefiere su literatura, los medios, Internet y los movimientos sociales, pero ante todo ama a Ben Okri, Véronique Tadjo y Boubacar Boris Diop, por citar solo tres plumas imprescindibles.

Chido OnumahChido Onumah. Reputado escritor y periodista nigeriano. Trabaja como tal en su país y en Ghana, Canadá e India. Está involucrado desde hace una década en formar a periodistas en África. Es coordinador del centro panafricano AFRICMIl (en Abuja), enfocado en la educación mediática de los jóvenes. Prepara su doctorado en la Universidad Autónoma de Barcelona. Su último libro se titula 'Time to Reclaim Nigeria'.

Akua DjanieAkua Djanie. Así se hace llamar como escritora. Pero en televisión o en radio es Blakofe. Con más de tres lustros de carrera profesional, Akua es uno de los nombres sonados en los medios de su país. Residente en Reino Unido, fue en 1995, en uno de sus viajes a Ghana, cuando llegó su triunfo televisivo. Hoy vive y trabaja entre ambos países. La puedes encontrar en su página, Blakofe; en la revista New African, en Youtube aquí o aquí...

Beatriz Leal Riesco Beatriz Leal Riesco. Investigadora, docente, crítica y comisaria independiente. Nómada convencida de sus virtudes terapéuticas, desde 2011 es programadora del African Film Festival de NYC. Sissako, Mbembe, Baldwin y Simone la cautivaron, lanzándose a descubrir el arte africano y afroamericano. Su pasión aumenta con los años.

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